10 juillet 2007

La forme arrive, vivement la montagne !

Ca ressemble à l'Ukraine ou à la Grande Plaine hongroise, mais nous sommes dans la Seine-et-Marne ! Du blé et de l'orge à perte de vue. Le grenier de la France.

Nous traversons ce "no man's land" dans un silence parfait, à peine troublé par le grésillement des lignes à haute tension qui survolent la vaste étendue. Le vent est défavorable, est-ce la peine de le préciser ?

Il n'y a personne. Seule la voiture jaune d'un facteur nous a dépassés en cent kilomètres. Les villages somnolent, quelques chiens aboient derrière les portails. Tout est paisible, infiniment tranquille. Les vaches, couchées dans les champs, regardent passer les cyclistes avec la même nonchalance que les trains.

Fabio m'a proposé un jeu : trouver un seul mètre de plat dans cette étape. On a perdu tous les deux, il n'y en a pas un seul ! (dénivelé total de cette étape " de plaine " : 1700 m, davantage que l'ascension du col du Galibier).

La pluie nous arrose avec légèreté, entre deux éclaircies qui déboussolent les tournesols qui ne savent plus vers qui se tourner. On file dans la campagne profonde. Le regard cherche un point d'appui sur l'horizon, parfois c'est un silo, d'autres un clocher qui pointe au loin.

Il existe une véritable famille de l'avant-Tour, celle des passionnés qui garent leur camping-car aux meilleurs emplacements la veille du passage des coureurs. On les salue, ils répondent par un geste de la main, un encouragement. Parfois on retrouve la sympathique équipe qui flèche l'itinéraire : un sourire, un clin d'œil, " allez les gars ! ".

Aujourd'hui, on a décidé de lever un peu le pied. " Attention à la première semaine ! " m'ont répété plusieurs coureurs professionnels avant le départ. Avoir la protection d'un peloton nous changerait la vie.

Faire le Tour à deux, c'est partir en échappée trois semaines, un saut délicieux dans l'inconnu. Mais les jambes sont bonnes. La forme est en train d'arriver. Vivement la montagne !