12 juillet 2007

Notre Tour a bien failli se terminer

J'ai dormi 5 petites heures dans la nuit de mercredi à jeudi. A deux heures du matin, j'étais encore dans la chambre de Fabio, mon compagnon de route.

Nous avons eu une violente discussion et notre Tour a bien failli se terminer dans la mélancolie d'un hôtel d'Arnay-le-Duc. De rage, Fabio (cycliste mais aussi ceinture noire 3e dan de karaté) avait tordu la clé de la chambre 14. Motif du contentieux : la vitesse dans les cols du Morvan. J'avais tendance à accélérer dans les ascensions alors qu'il préférait la régularité pour conserver des forces.

"Guillaume, le Tour est long", me hurlait-il avec le point rageur, "tu vas mourir dans la Pyrénées". Fabio a traversé dix fois les Etats-Unis d'Ouest en Est sur un vélo, il connaît son corps et gérer ses ressources. J'aurais dû l'écouter. Avec la tension, le stress et les premiers symptômes de fatigue la situation a pourtant dégénéré.

A 22 heures, il n'était plus question de partir le lendemain. En guise de dîner, j'avais avalé une poularde de Bresse et des tagliatelles avec l'estomac noué. Puis, désabusé, j'étais parti me faire masser à minuit.

Le malaise s'est dissipé avec une franche explication et une poignée de main entre deux copains qui s'aiment comme des frères. Nous sommes donc repartis jeudi plus soudés qu'avant, avec notre unique objectif en tête : arriver ensemble sur les Champs-Elysées.

On a pédalé de Saumur-en-Auxois à Bourg-en-Bresse avec la sérénité que procure la paix retrouvée, traversant l'océan de vignes de la Route des grands vins de Bourgogne. Une étape usante, avec les premères chaleurs et les premiers grillons dans les champs.

Jeudi soir, toute notre équipe (Luigino le mécanicien, Claudio le cuisinier, Marco le masseur, Dorian le docteur et Jean-Claude le chauffeur) s'est retrouvée dans le camping-car pour déguster un demi-verre de Nuit Saint-Georges avec une double portion de spaghetti au pistou. C'est aussi cela l'Autre Tour.