18 juillet 2007

On se battra jusqu'à l'épuisement

Un cinquième contrôle antidopage inopiné sur mes urines mardi soir et une prise de sang à des fins médicales mercredi matin. L'Autre Tour est transparent comme l'eau de source et n'a rien à cacher.

Les passionnés de cyclisme le savent et ils sont de plus en plus nombreux à nous témoigner leur soutien. Nous avons reçu des messages d'encouragement de France, de Belgique, de Suisse, d'Italie mais également de Pologne, du Canada et même du Laos ! "Vous pédalez aussi pour nous, ne craquez pas !".

Avec Fabio, nous ne souhaitons pas décevoir tous ceux qui aiment le sport propre : on commence à être fatigués. Chaque jour un kilomètre me semble plus long que la veille, mais dans les Pyrénées on se battra jusqu'à l'épuisement, soyez-en sûrs.

Les étapes du Sud se suivent et se ressemblent. Chaleur libyenne dès l'aube. Premiers tours de pédale dans la fournaise de la banlieue marseillaise puis à travers la rocaille, les oliviers, les cyprès, le maquis méditerranéen. Un décor de Far West.

J'ai complètement ouvert mon maillot qui flotte dans l'air bouillant comme la cape d'un torero sur les routes de Camargue où quelques vachettes noires et des chevaux blancs se repaissent tranquillement. De l'asphalte monte une brume qui déforme les silhouettes et les objets. Le concert des cigales est assourdissant, elles se frottent gaiement sans crainte d'être prises au dépourvu.

Eric, un cycliste montpelliérain qui prépare Paris-Brest-Paris, nous attendait sous un arbre à mi-chemin et nous a offert ses puissants relais jusqu'à l'arrivée.

L'eau des bidons chauffe, en dix minutes le sirop à la menthe bout comme du thé à la menthe. Il ne manque que les pignons. La canicule me fait gonfler les pieds, mes chaussures deviennent trop petites. Fabio, lui, a résolu le problème : il porte une paire de chaussures spéciales dont il a coupé les extrémités et mouline avec les socquettes au vent ! Mon arrière-train se plaint lui aussi, alors je le pommade matin et soir avec du gel au silicium qui protège des irritations.

Sur un vélo, le corps prend sa revanche et vous oblige à cajoler les parties négligées dans la vie de tous les jours.