7 juillet 2007, 16:21

Une première étape équivalente à la montée de l'Alpe d'Huez

Autant vous le dire franchement, avec mon équipier Fabio, on n'a pas eu le temps de prendre le thé à l'anglaise. 203 km au programme, qui à la fin de la journée deviendront 208 et un voyage retour sous la Manche programmé à 17h50 : il fallait rouler, vite et fort.

Un soleil jaune pâle trônait au milieu des cumulus cotonneux au petit matin quand nous avons quitté Greenwich. La douceur du Kent nous attendait mais pour se remplir les poumons de la chlorophylle de sa suave campagne, un bocage à la fois harmonieux et destructuré, il a fallu traverser l' interminable banlieue londonienne.

Etape nerveuse, beau parcours propice aux échappées. Beaucoup de rond- points dans les 80 premiers kilomètres tracés en milieu urbain. Le vent, qui souffle de la mer vers la terre est souvent de face ou latéral.

Dans la campagne du Kent, il n'y a pas un mètre de plat, on monte ou on descend. Certaines " bosses " sont plutôt sèches et obligent le coureur à passer continuellement du grand ou petit plateau.

Le final, plutôt rectiligne et très rapide, pénalisera les coureurs échappés.

Le parcours commençait par 60 km de faubourgs, de constructions massives en briquettes rouges, avec parfois les grues des chantiers navals qui perçaient le ciel azur. Le vent de face ne donnait pas de répit. Nos roues profilées claquaient rythmiquement, une symphonie en braquet majeur.

Puis, au détour d'un virage après les ruines médiévales du château de Rochester, le Kent, ses cottages, ses jardinets coquets et soignés et ses moutons mérinos nous a ouvert les bras. On n'y pédale toujours entre deux haies ou dans les bois, sans jamais vraiment appréhender le panorama.

Les Anglais sont heureux de recevoir le Tour, ils saluent les cyclistes de passage avec enthousiasme, et n'hésitent pas à décorer leurs maisons traditionnelles de festons tricolores bleu-blanc-rouge ! Des paysans s'afféraient même pour créer des scènes cocasses avec leurs épouvantails sur le bord de la route pour saluer le peloton.

Montée, descente, montée, descente, le parcours vallonné donnait le mal de mer. Au sommet de la côte de Farthing Common, promontoire sur les champs verts et blonds, on avait presque envie de s'arrêter pour peindre une aquarelle.

Londres-Canterbury est officiellement une étape " de plat ". A l' arrivée, mon compteur indiquait pourtant 1650 m de dénivelé, ni plus ni moins l'équivalent de la montée de l'Alpe d'Huez.