9 juillet 2007

On a déboulé à Gand à pleine vitesse

Chaque matin, le geste est toujours le même, à la fois rituel et superstitieux : j'humidifie la pulpe de mon index et je prends le pouls du vent, pour comprendre s'il sera ami ou ennemi, pour ou contre nous.

Etape facile et très rapide qui se court sur des routes très larges balayées par le vent.

Les seuls reliefs sont les ponts qui enjambent les voies express ou les canaux.

Le vent est défavorable en direction de la côte puis souffle de dos dans le final.

Cette étape est destinée aux routier-sprinteurs et ne devrait pas leur échapper.

A Dunkerque, dimanche matin, le vent soufflait de la mer. Il sera défavorable pendant 100 km et béni ensuite. Direction Gand à travers la plaine du Plat Pays et sous un soleil enfin printanier.

On entre en Belgique sans s'en apercevoir ou presque, au détour d'un village, et l'on se retrouve propulsé sur une large route bordée d'arbres qui dessinent une ombre fraîche, le décor devient agricole, profondément rural, des grumeaux de boue laissés par les tracteurs sèchent sur l'asphalte.

Les Flandres ont un cœur de terre, des villes de pierres et une âme laborieuse. Les routes sont larges et toutes équipées d'une piste cyclable ou le coureur pédale confortablement. Parfois le goudron laisse place à des dalles de béton collées les unes aux autres et séparées par un interstice auquel les cyclistes ont donné un surnom grivois que la pudeur nous empêche d'évoquer ici.

Le guidon saute tous les 10 mètres, "toc-toc-toc", les secousses cadencées altèrent l'harmonie et l'efficacité du pédalage. De pont d'autoroute en pont sur les romantiques canaux, sous un ciel d'une luminosité vénitienne, on déboule à Gand grand braquet.

En 4 heures 54 minutes, je n'ai échangé que quelques mots avec Fabio, mon compagnon de route. Un regard ou un geste du coude suffisent : c'est à toi de prendre le relais, accélère, ralentis.

De la main droite on s'indique furtivement les pièges sur la chaussée afin que celui qui s'abrite aveuglément dans le sillage ne termine pas dans une ornière ou un nid de poule.

Le centre historique de Gand vous plonge dans l'atmosphère des foires médiévales et mériterait une visite approfondie mais je me suis contenté de quelques pas digestifs après mon assiette roborative de 200 grammes de pâtes saupoudrées de parmesan " reggiano ".

Lundi, la plus longue étape du Tour nous attend. 236 km en duo sur les faux-plats du Nord de la France exigent repos et concentration.