8 À propos des limites humaines. (Qui permettent 4 à 5 watts/kilos en endurance)
 Les performances des athlètes visibles à la télé sont en fait plutôt "inhumaines", vers 120 à 130% des limites humaines qui seraient "normales": elles sont intouchables car obtenue dans un contexte médicalisé, parfois douteux. Dans le cas du tour de France, sur des durées dépassant 1h on observe parfois des puissances proches de 6 watts/kilos (les limites humaines normales correspondent à 4.5 watts par kilos, le sportif estival du dimanche se tient dans les 1.5, et la majorité des gens à 1, avec un maximum "vite épuisant" qui ne dépasse parfois par 2). Pour les femmes ça descend souvent à 0.5 pour les anorexiques et aussi 0.5 ou moins chez les hommes obèses, avec un maximum qui parfois ne dépasse pas 1.5.
Cette notion de niveau sportif sera détaillée plus loin. Elle est associée au pouvoir maximal d'utilisation de l'oxygène (limite de puissance aérobie) et à la possibilité d'exploiter une partie de ce pouvoir d'oxydation des carburants (le glucose sanguin) sans se fatiguer (zone d'endurance)
Le glucose sanguin est tiré de diverses ressources: la lipolyse est la plus durable car nous avons en stock pour des dizaines, voir centaines d'heure d'effort modérés sous forme de réserves de graisses.

Globalement les femmes ont un peu moins de puissance/poids que les hommes: environ 15 à 20% de moins, cela en raison de leur masse grasse plus importante. On retiendra qu'il serait normal que les gens disposent en âge d'être actifs, entre 2 et 4 watts par kilos et en moyenne 3 fois plus que dans les pays du tout voiture. Une hygiène de vie incluant l'activité physique et la précaution de ne pas se trouver privé d'activité physique lors de la puberté permettrait cette différence.

8-1 La notion de véritable limite humaine.
Figurez vous l'image d'une tache constituée par un tas de points (par exemple chaque point représentant pour un humain la position X = âge, Y = puissance/poids maximum pour une heure).
La frontière des limites humaines "normales" est où l'on remarque sans peine le changement de couleur due à une densité de point suffisante "pour que ça se voit", signe que ces performances deviennent accessibles et non pas exceptionnelles et provenant de cas "anormaux" en dehors de limites représentatives.
La mécanisation a fait descendre la moyenne et rendue plus flou la limite humaine, et même pire, il n'y a presque personne pour la représenter. L'autre extrême, celui des athlètes a progressé et fixe une limite "surhumaine" qui est 20 à 30% plus forte mais artificielle qui correspond à un contexte non reproductible sans un appui  technico-scientifique médical.

En moyenne, les gens sont moins puissants, mais ce qui fut des records rares il fut un siècle est devenu quasi banal et même accessible à de simples amateurs: AVANT justement le sport était toujours amateur! Même un athlète olympique avait "une vie" en dehors du sport, MAINTENANT la référence est un athlète dont la vie EST son sport, dans une structure de vie où tout n'est que préparation à une compétition qui plus est sur des carrières très courtes (tendance à négliger le long terme et la santé des vieux jours), et en plus il exprime cette performance avec un matériel dont le coût est totalement inaccessible au commun des gens. C'est ce contexte particulier qui tire vers le haut la performance de l'athlète de haut niveau, d'un facteur qui serait de 15 à 20% de puissance disponible par rapport à l'amateur le meilleur (4km/h de plus en course à pieds, 20 à 30s de moins au 2000m en bateau d'aviron, sur un bateau à 11600 euros, 3 à 5 km/h de plus en vélo, sur un vélo à 5000 euros).
 Un sportif amateur atteint assez encore facilement, surtout avec un matériel moderne ce qui était du domaine du record national voici 50 ans (voir les temps au marathon qui sont peu influencés par le matériel). Mais malgré tout, ce phénomène de progrès ne concerne qu'une toute petite minorité de la population, environ 1%. Car les "sportifs du dimanche" eux, peinent même à retrouver des aptitudes de "non sportifs" d'antan, par exemple ils ne montent pas plus vite que 650m/h une pente en soufflant déjà et en prenant "des crampes" alors que des "anciens" montaient à 900m/h* avec en plus un fagot de bois et en étant déjà porteur aussi de cheveux blancs (c'est lourd les cheveux blancs, les premiers signifie déjà -15 à -20% de puissance, et après, on perd 1 à 2% de puissance par an).
*300m/h demande environ 1 watt par kilo: sédentaire, entre 0.7 et 1 watts/kilo, sportif irrégulier vers 2 watts par kilo (sédentaire après 10 mois de remise en forme), athlète "sage" non compétitif 3 à 4 watts par kilo, athlète de haut niveau et d'endurance 5 watts par kilo).
Même si il n'y a pas de dopage (admettons que ce soit le cas), les conditions pour obtenir des performances "surhumaines" sont très artificielles: on parle de "sport médicalisé" devenu incontournable dans le sport professionnel et même dans des sports amateurs de haut niveau. Dans "la nature", ces athlètes livrés à eux mêmes ne seraient pas si "surhumains" que ça, avec certes un léger plus de 5 ou 10% si ils sont des prédisposés génétiques pour un millième de la population, ils passeraient devant mais ne ferait pas un écart si impressionnant: si on ne regarde pas les minutes, voir les secondes, les temps de parcours resteraient comparables.
Par exemple: le très haut niveau ferait le Grand Colombier par Culoz monté par un quadragénaire en 1h00 au lieu de 1h05... pas tant d'écart, ça fait à peu près 1 heure.
Un jeune de 25 ans pourrait le faire en 55 minutes à 57 minutes.
De toute façon on peut dire "à peu près une heure".

Et il y a une chose aussi qu'on ne voit pas, c'est le maintient d'une telle condition physique à long terme qui est souvent au dépend d'une santé véritable plus tard: un athlète de haut niveau s'use plus vite. On devrait les mettre en compétition à 50 ans avec les amateurs du même âge pour le vérifier.
Se caler sur les repères surhumains que nous donnent les athlètes médiatisés fait des ravages car des sportifs amateurs "s'explosent" en s'y comparant.

 8-2 Entre un tiers de différence et le triple de différence...
On observe alors entre le sommet du professionnel (niveau "surhumain" lors des records) et le sommet des amateurs (limites humaines normales) une différence de  un tiers de plus, notez quand même que nous restons dans le même ordre de grandeur!
Il est facile d'obtenir les trois quarts de ce qui serait possible en faisant vraiment un entraînement sportif contraignant. Et alors,  en endurance on est au trois quart de la puissance de compétition, donc à 56% de la puissance de compétition des athlètes de haut niveau.
Bien sur, il peut y avoir une variation de 40% en moins, ce qui fait que la plage d'endurance utilisable varie entre 40 et 56% de la puissance des compétitions d'endurance des athlètes de haut niveau: typiquement 150 à 200 watts au lieu de 400 chez les coureurs cyclistes de 70Kg.
Mais cela ne veut pas dire aller 2 fois moins vite. Un cycliste professionnel seul sur route non fermée à la circulation est rarement au dessus de 33km/h de moyenne, et pour la plupart des gens, faire du 25 à 28 km/h sur un parcours en vélo qui est moyennement vallonné (500 à 1000m de dénivelé aux 100km) est encore accessible. L'écart n'est pas si énorme avec les 33 du professionnel, ça reste dans le même ordre de grandeur.
(La différence entre les coureurs "douteux" et ceux qui sont encore humain, est que le professionnel s'entraîne bien 4 à 6h par jour sur l'intensité qui serait normale pour 1h30 à 2h)
En vélo par exemple, en raison des lois de la physique, l'écart de vitesse moyenne sera rarement plus que 10% sauf dans les montées. Un athlète amateur peut faire du 38 de moyenne sur des parcours relativement court et bien plats et en étant proche de son record de l'heure, le coureur professionnel du 42. La différence n'est pas si énorme. En entraînement cela fera du 33km/h au lieu de 36, 10% d'écart de vitesse à peine.
En plus cette différence est moindre dans le domaine d'endurance qui correspond à l'utilitaire.
Les athlètes de haut niveau, en vélo ou à pieds ne feront pas des écarts de temps énorme. Ils mettront 1h00 là ou les amateurs font 1h06.
Les exceptions douteuses peuvent faire autant de différence, 54 minutes par exemple, mais on entre dans des records légendaires.
Ces faibles écarts de temps entre des athlètes amateurs et des athlètes "douteux", voir entre les athlètes amateurs et les gens en bonne condition physique, de l'ordre de un tiers en plus ou en moins grand maximum.
On dira, pour cette montagne qui se montre entre 54 minutes et 1h10 que "ça fait à peu près une heure".
Cette différence qui ne change pas les ordres de grandeur est à comparer avec les multiplications par 2 à 8 qu'il faut pour évaluer les "chronos" des sédentaires qui voudraient tenter les mêmes parcours. Ils ont déjà 4 fois moins de puissance pour une même durée, mais vu que c'est bien plus long et qu'ils doivent gérer à l'économie, ils doivent encore réduire leur puissance déjà faible sur une heure, à 6, voir 8 fois moins en moyenne pour adapter à la durée plus longue: ils doivent faire en ultra endurance (en bas de l'endurance à l'économie) ce qu'un athlète peut faire en "résistance" (en haut de la puissance aérobie presque à fond)
Vu que leur puissance est le quart de l'athlète, la moitié de leur puissance pour des efforts qui sont 6 fois plus long au moins que la durée de ce que fait l'athlète fait un huitième.
Ce qui prend 1h à l'athlète prend une journée entière au sédentaire.
Les écarts de temps les plus grand sur les ascensions et les sports non portés comme la marche à pieds (quand la vitesse est proportionnelle à la puissance et la résistance de l'air négligeable, 30% plus fort = 30% plus vite, alors que quand c'est uniquement la résistance de l'air et de l'eau qui joue, 30% plus fort = 10% plus vite, et 2 fois plus vite = 8 fois plus fort)

8-3 VU À LA TÉLÉ au lieu du cinéma, des rameurs de niveau régional filmés pour le cinéma prennent un niveau olympique!
Faire 7'02 en skiff au lieu de 7'20 correspond en effet à passer le film en 25 images par seconde au lieu de 24 et en condition égales, cela fait une différence pas loin de 15% de puissance.
J'ai pris cet exemple car il semble bien que peu de gens se rendent compte de la différence entre les films mis sur DVD en zone PAL, par rapport à la version cinéma. Il n'est pas évident de voir cette différence si il n'y a pas de repères.
Et pourtant, cette différence correspond à une différence de niveau athlétique importante si elle est traduite en vitesse sur eau ou contre le vent en vélo.
On retrouve cet écart sur le vélo sur piste, le vélo en contre la montre et tout sport où domine le frottement contre un élément gazeux ou liquide (15% de puissance = 4 à 5% vitesse, car on suit une loi proche de celle qui dit "30% plus fort ne fait que 10% plus vite")
La différence de vitesse déjà faible encore divisée par 3 par les frottements de type fluides devient aussi faible que le "pal speed up".

Sans repères peu s'en rendent compte sans chrono alors que cela représente une grosse différence de niveau: Cette accélération des films (le "pal speed up") correspond au changement de rythme entre "se maintenir" et "être affûté" ou encore entre la différence entre les vétérans de 40-50 ans et les jeunes ou encore entre les amateurs et les champions des professionnels.

Vu au cinéma / vu à la télé CORRESPOND
Une longueur de bateau toutes les 40 secondes!!!
24 images par seconde/25 images par seconde correspondent aussi au rapport
Athlète en transition/athlètes affûté
régional/international
Vétérans de 40ans / seniors de 25 ans
Vétéran de 55 ans / vétéran de 40 ans
Vétérans de 70ans/ vétérans de 55 ans.
Enfin, examinons d'autres rapports.
Vétérans de 70ans / athlètes affûté = 20 images par secondes/25 images par secondes.
 Correspond à cadence 28 coups de rame par minute au lieu de cadence 34, c'est ce qui est effectivement observé (dans les détails la cadence devrait plus varier, car elle est proportionnelle à la puissance et non pas à la vitesse, mais le niveau de force des catégories change également, du coup c'est bien du 28 à 30 de cadence que l'on observe chez "les vieux").
La majorité de la population étant au tiers des possibilités de l'athlète ou même moins:
Cela ferait un écart de vitesse de 1.444
Prenez votre film et passez le à 17 images par seconde au lieu de 25 et vous verrez des "débutants" à l'aviron (qui savent ramer mais n'ont pas la condition physique).
Notez que c'est plus de la moitié de la distance dans le même temps pourtant avec 3 fois moins de puissance mais par ce qu'il s'agit d'un transport similaire à la voiture (la consommation d'énergie augmente comme le carré de la vitesse, l'effort à fournir comme le cube, 10% plus vite, 30% plus fort, si on est moins puissant, finalement on ne va pas tellement moins vite).

Dans le cas de l'aviron, regarder les films au ralenti ou en accéléré marche bien par ce que la vitesse se règle selon la cadence, les vieux sont bien souvent dans les 28 de cadence en course mais ils sont aussi "plus mous", la même tonicité avec moitié moins de puissance donnerait en effet cadence 18 au lieu de 36... Tiens, justement 18, est la cadence d'entraînement de l'athlète qui travaille à moitié puissance vers 13.5km/h (la course est vers 17 km/h en skiff et en très haut niveau) mais un athlète en entraînement conserve l'appui de compétition pour adapter ses muscles à cet appui... et ce faisant il va aussi vite qu'un vieux "en course" qui serait vers 28 de cadence alors qu'il respecte 18: il rame avec la même puissance mais plus de force).
Vieux?! J'en ai connu un qui tenait facilement du 13.5 km/h à 78 ans: vérifié il faisait du 17 quand il était champion du monde vers 20 à 30 ans.
Le non entraîné est, jeune, vers 20 ans, en dessous de 12km/h.
Mais ATTENTION sur d'autres sports tels la course à pieds ou la marche en montagne, les différences sont 3 fois plus importante que dans le cas de l'aviron qui est d'autant plus économique qu'on glisse lentement sur l'eau.

La différence entre la majorité des gens qui ont perdu l'adaptation à l'effort avec le mode de vie tout-voiture, comparé avec un être endurant "même pas athlète" (disons un être capable de 60% des limites normales) est de l'ordre de 1 sur 3, voir 1 sur 4 si il y a en plus usage de drogues sociales (vin et tabac). C'est un fossé qui reste plus grand même que celui entre un être simplement endurant naturellement, loin d'être à un niveau élevé mais simplement apte à se déplacer, et un athlète de haut niveau qui est de 1 sur 1.5 (on peut dire encore dans le même ordre de grandeur). Avec 3 fois moins de puissance, il faut poser pieds à terre à la moindre pente, et la vitesse moyenne, même en vélo chute à la moitié, pas seulement à cause de la puissance, mais de la possibilité même de profiter des appuis et des positions. De 30km/h on tombe à 11 à 18...
À pieds, dans des sentiers de montagne, on passe de 5 à 6km/h à 2.2.
Entre les gens adaptés à l'effort et ceux qui ne le sont pas, ou mal, les écarts de temps deviennent des multiplications par 2, voir par 3, en montagne par 4 à 5 voir plus des temps de trajets... si encore ceux là ne deviennent pas impossibles.
Remarquez que en vélo moins on pédale plus fort et pas tellement moins on avance plus vite, car la résistance de l'air varie comme le carré de la vitesse et amoindrit la différence sur le plat, comme pour le bateau.
En côte, en possibilité de grimper en montagne, ou en marche et course à pieds, la différence est par contre aussi considérable que la différence de puissance: quand on est puissant, on sent de moins en moins la différence entre les côtes et le plat (par exemple 17 km/h en côte et 35 sur le plat (rapport de 2) au lieu de 5 km/h en côte et 25 sur le plat (rapport de 4).
L'allure est plus régulière et on à moins de mauvaises surprises avec la vitesse moyenne selon les différentes sortes de parcours. Quand on est en forme, on va entre 27 et 33 km/h en vélo (différence de 20% selon le type de trajet, c'est facile à planifier) alors qu'un non entraîné pourra faire parfois du 11 parfois du 22 de moyenne (rapport de 2), en raison du temps qu'il passe dans les côtes et de pauses qu'il est parfois obligé de faire en cours de route.

8-4  Comparaison pour une montagne en vélo.
Grand colombier par Culoz:
 C'est une montagne-défi pour cycliste de 1500m d'altitude qu'on attaque depuis Culoz vers 250m d'altitude, avec des rampes à 14% (c'est une des pentes les plus raides de France, aussi fort aussi longtemps en moyenne), quelques replats, une petite descente, et une partie en succession de plat+ pentes... les limites humaines vers 40 ans sont vers 1 heure  et vers 25 ans  55' environ. C'est un bon repère de condition physique. Le fait que la pente soit raide rend plus significatives les différences de rapport puissance sur poids car la résistance de l'air joue peu dans les pentes.
On y monte en combien de temps?
Pour un...
- Coureur cycliste  professionnel supposé dopé, 47';
-  Athlète de niveau national 40 ans environ 1 heure.
- Sportif assidu, 1h20.
- Spécialiste d'ultra-endurance mondialement connu, 1h20... mais 9 fois de suite et à 50 ans! À cet âge on conserve encore à haut niveau la possibilité d'ultra-endurance.
-  Sportif occasionnel 2h
- "Fêlé du colombier" de 50 à 65 ans, 1h45 à 2h, mais 4 fois de suite.
Sédentaire 4 à 6h  avec des pauses, donc souvent une bonne journée.
(Un "Fêlé du colombier" est membre d'une confrérie regroupant ceux qui montent plus de 2 fois cette montagne en vélo dans la journée. Ce sont souvent des gens âgés qui cumulent le plus de fois.)